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Traitement thermique à Pailin, Cambodge
Il est 6h du matin, le groupe de gemmologues et d'élèves de l'AIGS (Asian Institute of Gemmological Sciences) est serré a l'arrière d'un pick-up qui nous emmènera de Chantabury (sud-est de Bangkok) a la frontière Cambodgienne. Nous prendrons ensuite des taxis modifies capable d'emprunter les routes chaotiques entre la frontière (village de Prum) et la ville de Pailin. En effet la route, goudronnée du côté thaïlandais, se transforme en une piste de latérite défoncée par les intempéries.
Nous voici arrives a Pailin ou nous nous restaurons sur la place du marché en compagnie de Votha, notre guide. Ex collecteur de pierres et professeur d'anglais, il est l'élément indispensable à notre périple. Connu de toute la ville, Votha nous permettra de marchander avec les mineurs et nous emmènera sur les zones minières en perpétuel mouvement, comme c'est toujours le cas sur les sites secondaires alluvionnaires.
Nous déposons ensuite nos affaires dans ce petit Hotel propre et très abordable juste a côté de la place du marché.
Après une douche indispensable et bien méritée,
nous décidons de commencer par les exploitations entièrement artisanales,
le plus souvent familiales, voire individuelles. Nous trouvons ici un homme
manchot, travaillant seul a l'aide d'une barre a mine. Notre ami Votha décide
de l'aider un peu pendant que nous le questionnons sur l'activité minière
des environs.
Nous partons visiter la brigade de déminage de Pailin, ou nous découvrons
avec horreur le tableau organigramme des volontaires dont plusieurs photos sont
remplacées par des petites croix trop éloquentes.
Exemple d'une exploitation familiale. Les enfants apportent des sacs de graviers riches en corindons. Les parents, assis dans l'eau lavent les graviers boueux puis les trient a la main et mettent les gemmes trouvées dans leur bouche. Ils n'éviteront sans doute pas une éventuelle contamination par les parasites présents dans ces eaux stagnantes.
De retour en ville nous nous arrêtons au marché dans le coin des bijoutiers et des tailleurs. Rien de bien intéressant.
Nous prenons alors la route en direction des multiples petites mines mécanise (mais toujours semi artisanales) disséminées autour de la ville de Pailin. La machine typique utilisée est une chaîne de lavage et de tri par densité. L'eau chargée de gravier est amenée sur une zone de tamis parallèles les uns aux autres dans le sens transversal. L'eau est alors freinées, et les graviers les plus denses vont rester au fond de ces "placers artificiels".
Mais tout d'abord, les grosses pierres sont arrêtées par un tamis cylindrique (a droite) et viennent s'entasser en un énorme tas qui recouvrent même les poteaux de soutien de la machine. Les deux gros soufflets (a gauche) provoquent des reflux verticaux de l'eau a travers les tamis pour en éviter le bourrage, et permettre au sable de passer. Ces reflux permettent aussi le tri par la taille des pierres de chaque tamis, les plus petites pierres très denses allant se tasser au fond car elles offrent moins de surface au jet d'eau vertical.
Tamis compartimentés.
Plus bas, dans la fosse, les ouvriers mineurs projettent de l'eau sous pression sur les parois de galets ronds indiquant le lit d'une ancienne rivière ayant charrié les gemmes recherchées.
L'eau entraîne le gravier vers les profondeurs du trou, tandis que les énormes galets sont rassembles à l'aide de larges râteaux puis jetés sur le bas côté. Une pompe est suspendue au dessus du point le plus profond et envoie l'eau ainsi que le gravier vers la chaîne de lavage située plusieurs mètres plus haut.
Comme vous l'avez sans doute déjà compris, l'eau
est l'élément indispensable au minage. C'est pourquoi les différentes
mines doivent s'organiser pour irriguer la zone de manière intelligente.
Cette eau est pompée dans un bassin de rétention, elle sert a
creuser les parois d'un trou, descend au fond entraînant le gravier, puis
est re-pompée et envoyée plus haut vers la machine qui garde le
gravier.
Enfin, elle retourne vers le bassin d'ou elle fut tirée (ou un autre)
et continue son chemin vers la prochaine mine.
(Notez la forme arrondie des galets)
En fin de journée, les pompes sont arrêtées, et la grille est ouverte par le propriétaire (homme à la chemise rose avec un chapeau rond). Il triera lui-même les premiers étages du tamis ou les plus grosses gemme sont concentrées.
La première étape, avant même le trie des tamis, est le tri des gros cailloux rassemblés au râteau parmi lesquels pourrait se cacher un saphir de plusieurs dizaines de carats. Ces pierres sont données au patron dans des paniers d'osiers. Notez la concentration sur le visage du propriétaire qui doit payer ses ouvriers ainsi que les 40 litres de gazoles engloutis chaque jour par les motopompes.
Voici le résultat d'une journée de travail: Quelques rubis, des saphirs trapiches (à gauche), des saphir gemme de bonne taille (en bas), quelques zircons (à droite), et un assortiment de petits corindons de faible valeur (en haut).
Le marchandage commence a la tombée du jour : les
saphir semblent tous de couleur médiocre et les rubis semblent tous magnifiques,
a cause de la qualité de la lumière du soleil couchant.
"- Regarde, ta pierre est pleine de cracks, baisse un peu ton prix !
- Oui mais regarde cette belle couleur, je peux la vendre 3000 Bath au marche
!!
- Ooooh !!! En est tu bien sur ? Je ne crois pas ... Crazy price !!!
- Bon si tu prends ces trois la je te fais un prix..."
Après les achats à la mine le propriétaire vous emmène parfois chez lui pour vous proposer des pierres plus intéressantes.
Des pierres brutes et taillées, chauffées ou non chauffées...
Aaah j'ai trouvé un petit saphir rond de 1.57 carat "water worn" avec une bonne transparente et une bonne concentration de couleur dans une certaine direction. Je pense en faire sortir une pierre taillée de 1 carat tout rond. Mon intérêt évident pour cette pierre va me coûter cher par la suite. Règle numéro un : Ne jamais montrer son intérêt pour une pierre en particulier.